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Le temps (qui manque) avant le déluge


Mon petit Noé est arrivé comme un raz-de-marée dans ma vie et a tout bouleversé (dont mon sommeil, qui se résume maintenant à des cycles de trois heures). Après avoir joué, bercé, allaité, nourri, lavé et récuré, je dois avouer que prendre ma douche est devenu mon passe-temps favori. Et moi qui voulais écrire…


Je fais partie des privilégiées. Je suis maman à la maison. Après une mauvaise nuit, je peux faire la sieste avec mon bébé. Si je suis malade, le ménage et les courses peuvent attendre. Si je suis déprimée, hop !, une balade en forêt et me voilà revigorée.


Noé et moi, nous sommes les maîtres absolus du temps qui file.


Et nous sommes heureux.

Nous sommes vraiment heureux.


Mais voilà. Avoir un enfant, c’est penser à assurer son présent et son avenir – constamment. Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas comment Noé va aujourd’hui, mais comment il ira demain. J’ai rédigé une liste de choses à ne pas oublier pour que, plus tard, Noé n’ait pas à construire une arche pour se sauver du grand déluge que l’on annonce partout dans les journaux.


  • Chercher, trouver et acheter usagé/local/en vrac/sans déchet

  • Cuisiner des repas maison/santé/bio/écolo/végé

  • Jardiner pour les abeilles/papillons/oiseaux/alouettes

  • Trier/composter/réparer/récupérer/réutiliser

  • Marcher/danser/sauter à pied/en bus/à vélo


Et j’angoisse.

Si moi, qui vis au rythme des siestes de Noé, je n’arrive qu’à faire le dixième, comment font-elles, les mamans-qui-travaillent ?


Le problème, ce n’est pas la volonté.

Le problème, c’est le temps.


Je ne connais personne – personne – qui ne se dit pas (trop) fatigué.


Je regarde tous ces blogues qui font la liste des meilleurs cadeaux pour la fête des Mères. Et je me dis : non, n’offrez pas de fleurs.

N’offrez pas de livres.

N’offrez pas de visites au spa.


Offrez du temps.

Pas du temps au téléphone, pas du temps de gardiennage.

Offrez-lui du temps qui dure, qui s’écoule à une autre vitesse, quelque chose comme un saut dans un autre espace temporel.


Du temps pour pouvoir arrêter de courir.

Du temps pour vivre en dehors des fins de semaine.

Du temps pour prendre soin du monde.

Du temps pour les abeilles, les ours polaires et les baleines bleues.


Il faut permettre aux gens de ralentir.

Ça ne se fera pas tout seul.

L’économie ne se fera pas hara-kiri.

Il faut, collectivement, s’obliger à ralentir.


Je ne sais pas comment faire pour y arriver.

Je ne suis pas une révolutionnaire : moi, j’écris des histoires. Moi, je crée une utopie familiale.


Alors, si vous pouvez faire quelque chose, faites-le tout de suite.


Je vous jure que vous serez plus heureux.


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