L’air, le vent, le varech, les vagues. Le mont Saint-Pierre veille sur un petit village de Gaspésie bordé par l’eau salée du fleuve. L’hiver, les hommes partent chasser ou couper du bois dans la forêt. À leur retour, ils se rasent la barbe et font des enfants.
1944, l’homme de la maison n’est pas là. Il n’est jamais revenu depuis qu’il a remarqué la singulière pilosité de sa fille. Il est vrai qu’une jeune fille de onze ans affublée d’une barbe n’a rien de banal. Et les rideaux de plus en plus épais qu’installe la mère aux fenêtres intriguent autant qu’ils dissimulent.
138 pages ISBN : 9782923975740
Paru le 2 septembre 2015 chez Héliotrope.
PRIX ET DISTINCTIONS
Finaliste 2016 - Oeuvre de la relève à Montréal - Conseil des arts et lettres du Québec
Finaliste 2016 - Grand prix littéraire Archambault
Nomination - Meilleur premier roman - Présélection québécoise - Festival du premier roman de Chambéry (France)
Finaliste - Premier roman québécois - Biennale littéraire des Cèdres
100 meilleurs romans de la rentrée littéraire 2015 - Librairie Gallimard de Montréal
REVUE DE PRESSE
Sibylline prière sylvestre, conte sur la cruauté, carnet de voyage d’une insoumise ; Barbe se rapièce un ton singulier par touches de naturalisme cru, de surréalisme boréal et d’anthropomorphisme onirique. Sa narration d’une assez traditionnelle candeur enfantine, n’excluant pas une sorte de sauvagerie, dévoile l’hypocrisie du monde adulte.
Dominic Tardif
Ce récit au style agréable et poétique [...] est serti de nombreuses clés de lecture symboliques, touchant autant la féminité que le vivre-ensemble. Une plume créative dont l’épanouissement sera à suivre.
Sylvain Sarrazin
Il n’y a rien de scabreux (au sens propre du mot) ni de monstrueux dans ce roman audacieux d’un jeune et grand talent. [...] [C]e roman [...] nous livre des éclairs de génie, une narration et un style inhabituels, ainsi qu’un sujet faisant preuve d’une imagination fertile et vive, féministe à souhait, où l’amusement ne l’emporte pas nécessairement sur le sérieux.
Hans-Jürgen Greif
Il suffit d'en lire quelques lignes pour s’en rendre compte. La plume de Julie Demers détonne. Déjà que de mettre en scène une jeune fille à barbe dans la Gaspésie de 1933-44 surprend, le ton adopté par l'auteure déroute. Les mots qu’elle réussit avec habileté à mettre en images coupent le souffle du lecteur par leur poésie.
Reine Côté
Un des 7 livres dont il ne faut pas passer à côté en ce début d'automne. [...] Ce court roman mise sur un style fort, sauvage, pour dépeindre au fond le rite de passage d’une fillette qui doit modifier sa vision du monde et accepter sa différence.
Lisanne Rheault-Leblanc
D’un point de vue formel, il sera démontré que l’ambiguïté du sujet se construit de l’intérieur en raison d’une énonciation subjective caractérisée par d’importants effets de brouillage, tel que l’omission de la majuscule et la déhiérarchisation des éléments syntaxiques à travers un flux de pensées. Dans un second temps, à la lumière des théories nomades, il sera question d’examiner les déconstructions qui s’opèrent chez la narratrice lorsque celle-ci quitte la cellule familiale et devient une nomade sylvestre. Tandis que son identité se fluidifie encore davantage au contact de l’altérité et de l’errance, entremêlant extérieur et intérieur, humain et non humain, prédateur et proie, nous assistons à la reconfiguration d’une posthumanité1 dans laquelle l’apprentissage d’un soi se renouvèle à travers « une mixité « postmoderne » envisagée non plus comme la coexistence de deux genres, mais comme le vivre-ensemble d’identités sexuées multiples et mouvantes » (Chaponnière et Chaponnière 11). Dans la fiction de Demers, c’est à partir de la plasticité même du corps textuel, représentation invisible et affective, que se déploie cette mixité postmoderne permettant d’envisager un ordre du monde échappant à la fixité.
Fanie Demeule
Barbe est porté par une langue magnifique, mais la proposition surprenante du roman n'est pas qu'esthétisme ou exercice de style. L'oeuvre s'impose doucement comme une allégorie évoquant certes les rapports humains mais aussi le rapport à soi. Cet attribut viril au visage d'une enfant permet une exploration riche d'émotions. D'une figure qui inspire aux autres personnages la peur et la laideur, celle de l'enfant à barbe, Julie Demers a créé un conte qui célèbre l'humanité fragile.
Marie-Michèle Giguère
Lettres québécoises
Quasi poétique, la prose effrénée et livrée dans un élan sauvage est savoureuse, colorant le récit d’une teinte brute, authentique. Julie Demers signe un premier roman sur le besoin viscéral de faire partie de la meute, sur la fragilité de chacun face au jugement de sa communauté, voire de son époque.
Chantal Fontaine
J'ai été enchantée... On rentre dans une sorte de tourbillon dont il est difficile d'émerger, on est vraiment dans une plongée. [...] C'est agréable à lire. C'est très dense! [...] C'est un très court récit qui se lit très lentement. [...] Chaque page mérite réflexion ; on se repositionne à chaque fois. [...] On a presque l'impression de lire une version féministe, peut-être, du Torrent d'Anne Hébert.
Les herbes folles (discussion de groupe)
Un roman étonnant où l’imagination toute enfantine côtoie les dures réalités de la campagne québécoise. Demers, dont le verbe mi-cru mi-poétique ravit, est assurément une auteure à surveiller.
Chloé Leduc-Bélanger
Une oeuvre singulière qui explore le fait "d'être différent" au sein d'un village isolé, parmi les bêtes et les hommes. Campée en Gaspésie dans les années 1940, l’histoire de cette jeune femme à la pilosité abondante n’en est pas une de victimisation, mais bien d’ouverture à soi et aux autres.
Collections
Beaucoup de réflexions pour un court roman. C’est bien fait, c’est pesant, c’est prenant. Une lecture puissante.
Épilogue
Avec une narration qui ne comporte aucune majuscule, la jeune Julie Demers bouscule les conventions avec Barbe, où une jeune femme à l’étonnante pilosité refuse de s’abaisser au statut de monstre que lui donnent les gens de son village. Un étonnant premier roman, riche de réflexions, qui nous fait réaliser que la nature ne départit pas si clairement les hommes des bêtes.
Christine Brisson
Dans cette oeuvre mi-comique mi-tragique, placée sous le signe du réalisme magique et qui défie l'écriture blanche, le dehors prend une place de choix. En décrivant une jeune fille à barbe d'abord convaincue qu'elle peut vivre seule en forêt, mais qui découvre peu à peu sa dépendance à l'égard des animaux et de son village, Barbe insiste sur l'importance de ce qui transcende l'esprit de la fillette - insistance qui est renforcée par un intérêt marqué pour les scénarios postapocalyptiques. Barbe fait aussi comprendre, sans pour autant inviter au pur conformisme, qu'il revient à cette fillette de s'affirmer en présence des autres tout en renonçant à une part de soi. En effet, c'est en cessant de voir dans autrui un simple réservoir d'intérêts personnels qu'elle parvient à éviter de snober les autres et de se snober elle-même, puis qu'elle découvre l'insuffisance du "dedans" par rapport au "dehors".
Séquences, Janvier-Février 2016, p.24
[L]e roman Barbe (2015) raconte l’histoire d’une fillette barbue qui tente de se persuader qu’elle peut vivre en toute autonomie à l’extérieur de son village. Dans ce contexte, la barbe doit être comprise non seulement comme une marque d’altérité et d’étrangeté (d’après le sens littéral du roman qui est lié à un point de vue éthique), mais aussi, entre autres, comme un symbole de sagesse autoproclamée (d’après le sens figuré qui est lié à un point de vue gnoséologique). Le roman joue à vrai dire sur au moins trois plans à la fois. D’une part, parce que lafillette n’a de cesse de prendre de haut ses propres capacités et de se croire on ne peut plus évoluée, un air de naïveté et de maladresse émane fréquemment d’elle (p. 9-10, 36), bien plus en tout cas que chez les personnages de Réjean Ducharme et de Howard Buten. D’autre part, comme l’ignorance suppose elle-même une certaine forme de connaissance, ainsi que l’a bien montré Charles De Koninck, la fillette du roman paraît témoigner avec transparence de cette connaissance en évitant catégoriquement, au contraire de Socrate, de feindre par ironie l’ignorance. Elle semble alors fuir la sorte de modestie qu’on retrouve chez certains et qui est d’autant plus fausse qu’elle implique la prétention à se placer complètement et constamment au-dessus de son propre ego. Enfin, puisque ses pérégrinations l’amènent à admettre sa dépendance à l’égard d’autrui et la possibilité d’allier l’affirmation personnelle à un certain désintéressement (p. 125), on peut en déduire qu’un éventuel aveu d’ignorance ne l’engagerait pas vers le pur égoïsme et la fausse modestie — aveu d’ignorance qu’elle intègre d’ailleurs de plus en plus à son discours vers la fin du récit (p. 129), après s’être rappelé l’amour profond qui la lie en priorité à sa mère (p. 126).
Laval théologique et philosophique, 72 (2), juin 2016, p. 242-243, n. 55
Der erste Roman von Julie Demers beeindruckt durch die Art der Darstellung. Im Zentrum von Barbe steht ein kleines Mädchen, das von zu Hause weggelaufen ist.
Jennifer - Quélesen
AUTRES ARTICLES
Les titres québécois les plus attendus de la rentrée. Samuel Larochelle, Huffington Post. 20 août 2015.
Sorties littéraires. L'Express - Drummondville. 29 septembre 2015.
Six romans pour hiverner. Émilie Godin. Issuu, hiver 2016, p.21.
12 premiers romans d'auteurs québécois. Les libraires. 1 août 2016.
CONFÉRENCES PRONONCÉES SUR LE ROMAN
ENTREVUES / VIDÉO
Finaliste / Prix du CALQ / Oeuvre de la relève à Montréal. Fabrique culturelle. 18 janvier 2017.
ENTREVUES / RADIO
Cochaux Show, CFLX 95,5. Émission du 27 septembre 2015.
Les herbes folles, CISM. Émission du 2 novembre 2015.
Épilogue, CKIA. Émission du 6 décembre 2015.
ENTREVUES / WEB
Entrevue avec Julie Demers, Pause Lecture.
Julie Demers et la fille à barbe, Entrevue avec Reine Côté, Journal l'Express.
ÉVÈNEMENTS
Salon du livre de Montréal
Biennale littéraire des Cèdres
Colloque "L’animal et l'humain. Représenter et interroger les rapports interespèces"
Les romanciers invités - Cinémathèque québécoise