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Écrire enceinte (2)



Le petit boit beaucoup et dort peu.

J'allaite et je dors.

Je lis peu et je n'écris plus.


Je ne sais pas penser à ma mort de Marisol Drouin parle du rapport entre la féminité, la création, la maternité, la maladie et la mort.


Il y a de très beaux passages, très justes, sur l'écriture et la grossesse.


"Écrire le ventre plein (non pas comme Zola, non, non), habitée, sentir quelqu'un te soulever l'estomac, appuyer sa tête sur ta vessie et t'enfoncer un pied dans les côtes. La forme du pied que tu discernes très clairement à travers la peau de ton ventre. C'était tellement plus excitant que la lutte menée contre le roman.


J'avais aménagé un bureau dans l'une des pièces de l'appartement. Je m'étais entourée de trois bibliothèques débordantes de livres et de plantes luxuriantes. Cocon. Tranquille. C'était à l'intérieur qu'avait lieu le vacarme. L'écriture est un geste solitaire. Un temps d'arrêt où se rassemble le langage pour ultime ment être porté à l'autre. Du silence pour entendre la voix et l'acheminer à la page. Cette solitude, je ne l'avais plus. Cette disponibilité, non plus. Aussitôt que l'enfant bougeait, j'abandonnais tout pour entrer en contact avec lui.


De jour en jour, la présence de l'être s'est amplifiée. Tandis que mon texte se craquait, que mon roman se défaisait, s'avortait, avançait à coups de chapitres isolés les uns des autres et dont la violence me rebutait. Je résistais à entrer dans l'obscur, les entrailles, le sale. J'avais peur que le remue-ménage d'émotions ombres et caverneuse influence le bien-être de l'enfant à naître. Je me sentais coupable d'écrire ce que j'écrivais. Le laid, la haine. Quand dans mon ventre poussait la vie. L'amour."

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